Superman
Le 15 décembre 1978, Richard Donner dévoile la toute première adaptation cinématographique de sa tétralogie sur Superman, personnage de fiction véhiculé par les célèbres comics éponymes. Ce film reprend les origines de la venue sur Terre de Kal-El, envoyé par son père depuis Krypton. La deuxième partie relate le premier affrontement entre Superman et son ennemi Lex Luthor. Le contexte de guerre froide, qui occupait les relations internationales au moment de la sortie du film, axe le scénario autour d'un conflit dans lequel il est question de bombes nucléaires. Cette influence n'empêche pas l'adaptation de fixer les bases d'un scénario qui sera repris pour de nombreuses adaptations.
Un générique initial associant les symboles d'une salle de cinéma et une bande dessinée montre combien le film semble se préoccuper de l'oeuvre à l'origine du personnage principal : les comics. Ce générique est intergalactique et, quoique dépassé, extrêmement efficace grâce à un style des années 1970 assumé et une partition de génie composée par un John Williams en grande forme.
La balance entre les origines du personnage et son premier affrontement est judicieuse. La quête d'identité de Superman, même si elle pourrait être davantage mise en valeur, témoigne de la construction de Clark Kent par Kal-El. Les allusions faites au Christ et à un sur-homme tel qu'il peut être décrit chez Nietzsche créent une mystification autour du personnage, laquelle est astucieusement amenée par des plans judicieux.
Les séquences mettant en scène Lex Luthor possèdent à la fois une gravité correspondant à la situation diplomatique de l'époque de sortie du film, ainsi qu'une loufoquerie faisant écho à l'univers des comics. Cette alliance habile est agrémentée de différents styles. D'abord, le spectateur sera confronté à la science-fiction grâce à des effets spéciaux justement dosés et parfaitement réalisés, ensuite le film se dirige vers le genre dramatique avec la simili-biographie de Clark Kent, enfin on aboutit à une aventure super-héroïque précurseur des futurs films d'action.
Ce film est, du reste, le deuxième rôle d'un Christopher Reeve efficace et pourtant si mature pour incarner le personnage. Son œil espiègle intègre l'univers des comics au protagoniste Kent tandis que les traits mythiques de Superman s'allient à merveille avec ses allures de héros inébranlable.
Le compositeur John Williams, dont le travail talentueux a inscrit la partition de ce film dans le Panthéon des grands thèmes du 7ème Art, était sur la pente ascendante de sa carrière. L'homme qui deviendra la personne la plus nominée aux Oscar après Walt Disney venait alors de composer, en 1977, la bande originale de "Star Wars" de George Lucas, premier film de la célèbre franchise. L'énergie, les airs prématurément mythiques et la perfection à la fois mélodique et rythmique ne pouvaient que promettre de bonnes choses pour cette composition originale. Comme à son habitude, le célèbre compositeur est d'ailleurs l'un des seuls à donner envie de regarder la totalité du générique final simplement pour profiter de la musique.
Ce long-métrage de Richard Donner est extrêmement réussi. Les éléments qui le composent sont soit des preuves avancées de talent soit des indices renseignant sur le travail minutieux de l'équipe de réalisation. On peut affirmer avec honnêteté et bonne volonté que le film n'a pas beaucoup vieilli depuis son année de sortie grâce à la rigueur de sa direction artistique.
