Shaun of the dead
Le 24 septembre 2004, Edgar Wright dévoile son deuxième long-métrage. Avec son titre parodié de "Dawn of the dead" (1978) réalisé par le maître du film de zombies George Andrew Romero, "Shaun of the dead" reprend habilement les codes des œuvres cinématographiques du genre.
Shaun est un employé vivant dans l'habitude et la lassitude sans s'apercevoir qu'autour de lui le monde bascule dans le chaos à cause d'une transformation de la majeure partie de la population en zombies. Ce scénario, co-écrit par le réalisateur et l'acteur principal Simon Pegg, fait appel à l'humour pour déconstruire tout le schéma des films du genre et pour mettre en relief la bêtise quotidienne exacerbée, avec beaucoup de pertinence.
En haut de l'affiche, Simon Pegg et Nick Frost constituent un binôme désopilant et très talentueux. Kate Ashfield, Dylan Moran et Lucy Davis apportent, quant à eux, des personnalités formidablement caricaturales. On remarquera aussi la présence naturellement charismatique de Bill Nighy. Le casting se pare à merveille des textes qui lui sont laissés et des situations complètement improbables qui lui sont imposées de sorte que la parodie que constitue le film fonctionne parfaitement bien et trouve sa juste mesure entre l'art cinématographique de la comédie et les films de catégorie Z.
Plongé dans le détournement de tous les codes du genre, le film se nourrit aussi d'un talentueux découpage scénaristique. Équilibré et abordant toutes les situations communes aux longs-métrages de zombies, le script est mis en scène avec dynamisme et originalité, notamment avec les images très rapides mettant en relief les gestes et bruits quotidiens.
Comédie ne veut pas dire demi-mesure. Le gore répond à l'appel du genre avec des scènes sanglantes et hilarantes à la fois où sang, tripes, membres et cervelle sont détournés vers la parodie et le comique le plus décomplexé qui soit. La photographie met, d'ailleurs, en valeur l'hémoglobine à la manière d'un véritable film de zombies, tout en se permettant des jeux d'ombres et de lumières s'ajoutant à l'humour général du scénario.
Ce film, très réussi, accomplit son objectif de détournement avec pertinence tout en reprenant les codes cinématographiques du genre au profit d'une critique cinglante sur nos modes de vie. Si l'efficacité du long-métrage est manifeste, la qualité de la comédie n'en est pas moins jouissive.