Kill your friends
C'est le 6 novembre 2015 que le Royaume-Uni découvre ce film britannique dont la bande-originale était annoncée comme la meilleure de l'année. L'histoire est celle de Steven Stelfox, joué par Nicholas Hoult, un directeur artistique travaillant dans un label musical. Avec lui, on découvre les méandres de cette industrie artistique supposément basée sur la soif de profits de masse.
Dans le rôle principal, Nicholas Hoult sert au spectateur un mélange entre le psychopathe élégant et drogué de "American psycho" (2000) et la jeunesse tourmentée et dérangée de "Funny games" (2008). Sa tragique folie tombe tour à tour dans le grandiose intellectuel et l'in-contrôle pathétique. Il faut admettre qu'aucune fausse note ne trouble son jeu et que l'inquiétude du spectateur est principalement générée par son incapacité à anticiper, voire à appréhender, les réactions du héros.
Concernant la musique, on remarque combien sa qualité est mise en avant. La publicité du film s'est notamment faite sur sa bande-originale. Le rock britannique des années 1990 ressort avec un mélange de rudesse, de nostalgie et d'exaltation à toute épreuve. Toujours utilisés à bon escient, les morceaux ponctuent le film de passages extrêmement jouissif. Leur principal inconvénient est le suivant : lorsque la musique vient à s'absenter, les passages tombent à plat et inspirent davantage l'ennui que le calme.
La direction de la photographie pulvérise la plupart du temps toute forme de tranquillité en adoptant les flashs des boites de nuit, la couleur écarlate de l'hémoglobine ou le choc entre les mobiliers ultra-modernes et les intérieurs saccagés. L'atmosphère de dépravation ajoute à la gestion des couleurs et des lumières un sentiment déstabilisant de déséquilibre.
"Kill your friends" est loin d'être une oeuvre de sérénité. Le travail est manifeste et laisse le spectateur dans la stupeur face au tableau d'une industrie du disque close et pervertie.