frankenstein
Il aura fallu attendre 1931 pour voir une adaptation du célèbre roman de Mary Shelley. Et c'est James Whale qui devient le premier réalisateur du personnage cinématographique Frankenstein. Sous les traits du monstre mort-vivant, l'immense et désormais mythique Boris Karloff.
Un professeur en quête de supériorité décide de créer un corps à partir de morceaux de cadavres déterrés et de lui injecter suffisamment d'énergie pour le ramener à la vie. Mais un détail trouble l'expérience : le cerveau volé est celui d'un criminel. C'est sur ce scénario que l'un des plus grands films d'horreur s'est construit.
D'abord, nous devons aborder le genre du film. Une grande innovation que ce film en noir et blanc puisque l'expressionnisme y semble chose révolue. Ce mouvement artistique du cinéma semblait avoir joué sa dernière carte au seuil de la décennie. Seul Dwight Frye a conservé dans ce long-métrage certains regards typiques de ce mouvement que le cinéma d'horreur avait si bien utilisé dans "Nosferatu" (1922) de Friedrich Wilhelm Murnau ou "Le cabinet du docteur Caligari" (1920) de Robert Wiene. Cet acteur grandement occupé lors de l'année 1931 tournait aussi pour Tod Browning dans son "Dracula" mais sous les traits marqués au maquillage d'un personnage purement expressionniste. "Frankenstein" rénove donc le genre en proposant un style moins dessiné et plus naturel.
Parallèlement, les acteurs principaux parmi lesquels Colin Clive dans le rôle du Docteur Frankenstein, créateur du célèbre monstre, et le très grand - immense !- Boris Karloff qui deviendra l'incarnation cinématographique de Frankenstein pour toute la franchise, comme le fut Bela Lugosi pour toute la première série de "Dracula" et Sean Connery pour les "James Bond". Sauf que le premier a subi la concurrence plus tardive de Christopher Lee dans les longs-métrages de Terence Fisher ou celle de Gary Oldman dans l'adaptation de Francis Ford Coppola, et que le second a vu une liste d'acteurs renommés passer sur les sentiers du héros de Ian Flemming. Boris Karloff est à ce jour le seul acteur connu pour avoir incarné de manière mythique le personnage de Mary Shelley.
Le film garde cependant un goût jouissif de l'expressionnisme que permet le noir et blanc : le travail de l'image. Dans "Frankenstein", le montage est un véritable alignement d'oeuvres d'art. Entre la manière de gérer le mouvement et la manière de traiter l'esthétisme. Les jeux d'ombres se succèdent et se doublent de mises en scène absolument sublimes qui font tout le visuel splendide du film.
Ce long-métrage de James Whale est à jamais gravé dans l'histoire du 7ème Art en même temps que dans l'histoire du film d'horreur comme l'un de ses plus fiers monuments.
