c'est arrivé près de chez vous
Nous sommes en 1992, en Belgique. Trois réalisateurs s'allient afin de créer ce film dans lequel l'un d'entre eux détient le rôle principal : le jeune Benoît Poelvoorde. Ce long-métrage fait partie des meilleurs exemples de found-footage et est puissamment rehaussé par une véritable incursion du fictif dans le réel.
Le personnage observé par le semblant de documentaire est un jeune tueur en série, massacrant et violant sans la moindre once de remords. Entre les scènes macabres, il se permet à la fois des envolées lyriques et des réflexions philosophiques sur la nature, la société, la politique, l'urbanisme, l'art et l'existence. La technique de capture d'image consiste à filmer comme si les scènes avant été captées par une caméra hasardeuse, très réaliste, et récupérée sous la forme d'une bobine perdue.
C'est d'ailleurs pousser le found-footage un peu loin que de réaliser le film de cette manière puisque les personnages du film portent les mêmes prénoms que les acteurs qui les interprètent. Le spectateur pourra ainsi être membre actif de la découverte de ces images horribles et avoir la désagréable impression d'être le premier à visionner les images.
Le sentiment inspiré est celui de la gêne, à cause de plusieurs éléments. D'abord les adresses de Benoît à la caméra lorsqu'il se laisse guider par ses divagations intellectuelles. Ensuite à cause des scènes immondes auxquelles le spectateur assiste comme témoin privilégié. Enfin par la rudesse d'un esthétisme soigné mais rude. Tout cela fait du spectateur un quasi-acteur et de ses réflexions un aveu de faiblesse du fait de s'avouer comme impuissant face au rouleau compresseur de la violence.
Les plans, travaillés sur la profondeur du champ et la pratique de plusieurs techniques comme la contre-plongée ou les scènes tournées caméra à l'épaule. De plus, les images jouent avec les contrastes, les ombres et les imperfections de la pellicule relativement éloignée du haut-de-gamme en la matière.
A travers "C'est arrivé près de chez vous", la réalisation s'offre une occasion coup-de-poing de parler de violence, de marginalité, de conséquences, d'art et d'aménagement des quartiers sensibles.
