Deadpool
Le 12 février 2016, le nouveau film Marvel, que l'on présentait déjà comme un phénomène grâce à la puissante campagne de communication faite autour de lui, rencontrait ses premiers spectateurs aux États-Unis.
Wade Wilson, apprenant qu'il est atteint d'un grave cancer, accepte de suivre un traitement prodigué par une organisation douteuse et induisant l'administration de produits inconnus ainsi que la stimulation de l'ADN par la torture afin de développer de nouveaux caractères physiques. A la suite de ce traitement, Wilson devient Deapool, un anti-héro doué d'un pouvoir de régénération, et se lance à la poursuite du responsable du laboratoire médical.
C'est avec un scénario plutôt intéressant et un personnage pour le moins singulier que Marvel présente sa nouvelle création cinématographique. Domaine rarement synonyme de qualité pour les célèbres studios, "Deadpool" ne fera pas exception.
L'avantage du film réside probablement dans les dialogues décalés et, s'ils ne sont pas ciselés avec art, suffisamment désopilants pour faire éclater de rire tout spectateur assistant à une projection dans un cadre de distraction. Les échanges entre les personnages ne s'interdisent, à vrai dire, pas grand chose et font du scénario une pièce particulière de l'univers cinématographique de l'empire Marvel. De plus, l'histoire est élaborée sur une déconstruction qui commence dès le générique avec une mise au jour des ficelles du casting des films hollywoodiens. Très crue et profondément vraie, par ailleurs. Les retours en arrière se multiplient, les ralentis s'enchaînent, les voix en off s'emparent de l'image, les sorties de jeu se succèdent et les apartés envahissent l'histoire.
L'anti-héroïsme singulier de Deadpool est probablement ce qui sauve le film du naufrage de ses scènes d'action ennuyeuses. La lassitude de voir des personnages invincibles se battre indéfiniment provoque assurément l'apparition d'un degré zéro de l'action, pareil à celui de l'effroyable "Man of steel" (2013) de Zack Snyder.
Quant à l'astuce qui consiste à reprendre des morceaux de musique populaires et de renommée afin d'éviter la composition d'une bande originale de qualité ou simplement d'une partition, la ficelle est un peu trop grosse pour que soient salués les titres populaires repris par le film.
En ce qui concerne l'esthétisme et la recherche artistique, on ne peut, étonnamment, pas dire que ce soit l'atout majeur du film. Entre des images de synthèse ne trompant nul spectateur et une qualité photographique dont la production n'a pas l'air de s'être occupée, "Deadpool" figure au rang des films Marvel ne possédant qu'une qualité.
Cette qualité, définitivement, c'est celle des dialogues et de la déconstruction scénaristique (jusqu'à la scène post-générique). Le spectateur capable d'avoir un second degré conséquent et un sens de l'humour adéquat, et qui saura écarter l'aspect qualitatif général, aura probablement plaisir à revoir ce film distrayant qui casse les codes du long-métrage de super-héros.