Des pissenlits par la racine
Dans ce film de Georges Lautner sorti le 6 mai 1964, un homme sortant de prison est accidentellement tué par un ancien ennemi qui devait être sa future victime. L'assassin dissimule et tente de faire disparaître le corps. Problème : le défunt a dans sa veste un ticket de loto gagnant qui appartient à l'un de ses amis qui l'avait envoyé l'acheter.
L'enchevêtrement des trajectoires est matérialisée par les interprétations de grands acteurs du cinéma français : Louis de Funès, Mireille Darc, Michel Serrault, Maurice Birault, Francis Blanche, Venantino Venantini, ou Guy Grosso et Yves Barsacq dans des petits rôles, ainsi que la voix de Léon Zitrone mise à contribution pour les commentaires de la course de chevaux. Si la réunion de ces talents fonctionne très souvent à merveille, la réalisation très fantaisiste produit toutefois quelques faussetés que l'on oubliera assez rapidement. En outre, face au style artistique très abouti de Michel Serrault s'éveille l'art funèsien dans une forme précoce et en cours de formation, ce qui amène le spectateur à comprendre l'évolution artistique du comédien préféré des Français.
Si certaines scènes paraissent dramatiquement creuses, la majorité du film se nourrit de dialogues cinglants, grâce à une écriture supervisée par Michel Audiard. Les styles, tour à tour comique et thriller, se mêlent adroitement par le talent d'une distribution brillante. Les interprétations burlesques succèdent aux dialogues graves, et les échanges surjoués aux scènes de corps-à -corps, créant ainsi une arythmie scénaristique habilement menée.
En définitive, si la direction de la photographie n'est pas le pivot artistique du long-métrage, celui-ci peut se vanter de réunir à l'écran les compétences nécessaires à la transmission visuelle d'une équipe de réalisation prometteuse et déjà profondément ancrée dans le 7ème Art par ses adroites techniques.