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Subway

 

   C'est après avoir été repéré pour son premier long-métrage "Le dernier combat" (1983) que Luc Besson reçoit une proposition de Gaumont. Avec cette nouvelle collaboration naît "Subway", deuxième long-métrage de la filmographie Besson, diffusé à partir du 10 avril 1985.

 

   Dans cette Å“uvre appartenant au "cinéma du look", un genre artistique consistant à faire primer l'esthétisme sur le scénario, Fred se réfugie dans les dédales du métro parisien afin de fuir la police qui le traque pour un vol de papiers compromettants.

 

    Le film est construit sur un voyage initiatique dans lequel les couloirs du métro sont un monde à part entière. Les rencontres et les trouvailles s'enchaînent, menant Fred à une découverte de lui-même et une fin en apothéose. Comme dans toute aventure au schéma similaire, le personnage principal est confronté au bon comme au mauvais, s'apercevant ainsi des limites de son jugement ainsi que de toute l'expérience qu'une sociabilité adaptée peut lui apporter.

 

   Les décors, conçus par un Alexandre Trauner césarisé, font trembler toutes les classifications artistiques. Rivalisant d'ingéniosité, les couleurs vives, les textures variées et les lumières judicieusement choisies par Carlo Varini se mêlent dans un cadre tout à fait banal qu'est celui du métro pour en faire un décors absolument futuriste. Prenant le pas sur les personnages, la magie de l'endroit écrase merveilleusement la médiocrité des protagonistes, laquelle est volontairement mise en relief par le scénario.

 

   Eric Serra, acteur dans le rôle d'Enrico le bassiste, effectue dans ce film sa troisième collaboration musicale avec Luc Besson après un court métrage de 1981 et le premier long-métrage du réalisateur. Nominé pour le César de la meilleure musique, le compositeur inscrira ses partitions parmi les plus grandes de sa carrière, notamment avec la chanson "It's only mystery", co-écrite avec Louis Bertignac et Corinne Marienneau du groupe Téléphone. La partition générale est à la fois intrigante, fine et puissante, témoignant ainsi d'un talent absolu et prometteur. Assurément l'une de ses plus grandes réussites.

 

   A ses côtés, Jean Réno jour le rôle d'un batteur. Déjà en 1985 l'acteur fétiche de Luc Besson apparaissait et laissait effectivement penser que d'autres collaborations allaient suivre. Au cÅ“ur de la distribution, on remarque un brillant Jean-Pierre Bacri, un Michel Galabru blasé, une magnifique et douce Isabelle Adjani ainsi qu'un Christophe Lambert sans le moindre détour. Les personnages semblent comme ciselés avec art, comme les protagonistes d'un dessin, voire d'un manga.

 

   Aidé par les costumes de Martine Rapin et Yves Saint-Laurent, l'esthétisme du film prend une immense part du travail artistique que représente ce film. Davantage basé sur une suite d'essais, le long-métrage s'enrichit d'une qualité musicale sans conteste, lui permettant de bondir au rang des meilleurs films du réalisateur, et probablement des meilleurs films expérimentaux du cinéma français moderne.

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